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jeudi 11 février 2010

Le mois d'un million de morts à p45

La revue p45 m'a demandé de faire la revue du mois de janvier. Plein de gens l'ont déjà fait, Audrey d'Otarie, Sophie Deraspe la réalisatrice de Rechercher Victor Pellerin, Mathieu Pichette des Pieds dans la marge à qui je voue presque sérieusement un culte, la nécessaire Annie Q, sans oublier monsieur showbizz lui-même, Érik Rémy, et son inénarrable complice de toujours, Marc-Antoine K. Phaneuf.

Ça vient de paraître. Je poste ici le prologue, qui n'est pas du tout d'actualité, suivi du lien pour lire la suite.

«Megadeth, ça veut dire “million de morts”».

C’est Benoît Fusée qui nous avait dit ça dans le cours de musique en cinquième secondaire. Son père était complètement cinglé, j’ai su tout ça parce qu’il était locataire dans l’immeuble que possédaient mes parents.

Parce qu’il était gratteux sur l’électricité, la chambre de Benoît n’avait pas d’ampoule et celui-ci devait faire ses devoirs sur le rebord de la fenêtre, éclairé uniquement par un lampadaire de la rue. Son père gardait aussi une carabine chargée dans une armoire du passage et l’inévitable a fini par se produire…

Benoît était devenu le souffre-douleur de toute l’école. Tout le monde l’appelait Benoît Fusée parce qu’il marchait en ligne droite à une vitesse incroyable de son local de cours à son casier et de son casier à son local de cours. Il avait peur de tous les contacts humains, des filles qui voulaient le frencher pour l’humilier et des gars qui voulaient le battre pour le fun.

Il s’habillait trop propre et il n’utilisait qu’un niveau de langue relevé, avec même pas de mots vulgaires, avec même pas d’anglicismes. «Megadeth, ça veut dire “million de morts”» était franchement sorti de nulle part cette fois-là, et c’est la chose la plus proche d’être cool que ce gars-là a dite de tout son secondaire.

J’ai repensé à lui ce mois-ci. Parce que ç’a été le mois d’un million de morts et que pour que la vie demeure supportable, j’ai dû la traverser rapidement en ligne droite du local de l’actualité à mon casier et de mon casier au local de l’actualité.
Pour continuer à lire, c'est ici.

1 commentaire:

Diomede a dit…

Il y a beaucoup trop d'histoires comme celle de Benoît Fusée. Nous, on avait un type qui s'appelait Roger. Il n'était pas méchant, pas particulièrement bête non plus, juste un peu gauche socialement. D'une bonne famille, sa mère était cuisinière au Reine Elisabeth, son père, je ne sais plus trop. Une remarque malhabile lui a collée tout au long de son secondaire, une tête de Turc qui n'aurait jamais pu dire quelque chose d'appréciable, tout simplement parceque. Je pense à lui une fois de temps en temps, me demandant ce qu'il est devenu et si les lésions du secondaires se sont refermées pour lui mais ça, je ne le saurai probablement jamais. Chose certaine, je ne le blâmerai jamais ni ne me demanderai pourquoi il n'est pas venu à nos conventums de secondaire. Je n'ai jamais été le souffre douleur même si j,étais un geek notoire, j'imagine que l'attitude de rebel et avoir un ou deux amis "cool" m'ont sauvé la mise mais j'ai toujours détesté ceux qui comme Roger, Benoît et les autres personnes à la mauvaise place au mauvais moment. Dans ces cas-là, j'espère toujours qu'une bonne fois, un des bourreaux, avec quelques années de maturité en plus dans le nez vont finir par rencontrer leur souffre-douleur et de faire un léger mea culpa, question de réparer un peu le passé. Pour ceux comme Benoît, qu'il y a eu une certaine réflection de la part des tortionnaires qui se sont posé les bonnes questions et qui ont bien remué la chose dans le bon et le mauvais sens...
Rousseau en Occident, Mencius en Orient pensaient que l'être humain était bon et que la société le rendait mauvais. Machiavel, Hobbes et Sun Zu entre autres croyaient qu'il naissait mauvais et que la société était là pour contraindre sa nature.
Moi, je suis un peu au milieu de tout ça, à observer tout le bazard et à me dire que chaque humain a des crocs et que ceux-ci peuvent empoisonner sa langue à n'importe quel moment, avec ou sans la société.